« La traversées des monts Karpash fut terrifiantes. Elle n'était pourtant rien comparée à notre entrée dans le désert kothien, aux limites du royaume d'Ophir. En effet une tempête de sable s'était levée alors que nous avions quitté les derniers reliefs, et probablement les dernières possibilités de protection naturelle. C'est à peine si je pouvais distinguer la fortification qu'on m'avait indiquée et qui était tenue par le légendaire Ordre des chevaliers d'Ophir. Ceux-ci ne pourraient nous être malheureusement d'aucun secours en de telles circonstances. On n'y voyait plus à trente pas quand nous nous retrouvâmes par miracle au beau milieu d'un petit campement d'éleveurs de bovins. Il offrait à dire vrai une protection à peu près nulle face aux rafales de vent chargées de sable. Le ciel, obscurci par ces masses soulevées du sol, s'assombrit encore, probablement par l'arrivée d'énormes nuages noirs. Les nomades s'agitaient. Pas question pourtant de plier bagages dans ces circonstances. Plusieurs d'entre eux pointèrent le ciel du doigt. Impossible de distinguer quoique ce soit. Est-ce sous l'influence de mes compagnons d'infortune, je jurerais avoir aperçu un amas mouvant muni d'immenses cornes, tournant autour de nous dans des gestes furieux. Si certains se jetèrent à terre, sous la protection illusoire d'une toile de tente, tandis que d'autres demeuraient pétrifiés au milieu des secousses, un homme dans la force de l'âge et aux bras puissants dégaina son grand couteau et alla se saisir du plus grand taureau parmi les bêtes agitées. Après quelques phrases psalmodiées religieusement, il égorgea d'un seul geste précis l'imposant animal, et l'accompagna dans sa lourde chute, sans relâcher son cou noueux. Semblant se battre en duel contre un ennemi invisible, alors qu'il avait la jambe coincée sous le corps de ce taureau, il projeta avec sa lame le sang de sa victime dans les quatre directions cardinales. Je ne pus bientôt plus rien voir, et seulement entendre le hurlement du vent, plaçant mon visage dans un pan de mon manteau. Le sable commençait à me recouvrir, jusqu'à m'ensevelir complètement. Quand bientôt les vents refluèrent. Hormis le taureau, ils avaient causé peu de morts. Il faut croire que le dieu courroucé avait été calmé par le geste déterminé du sage éleveur. »

Gemistos le nomade (érudit némédien)

Le culte est actif dans les pays suivants : Shem, Ophir, Corinthie

Couleurs : blanc sur vert

Symbole : Taureau