« J’ai quitté Kush au sein d’une caravane en partance pour la Stygie. En compagnie de nombreux esclaves noirs, nous traversâmes une savane monotone peuplée d’animaux surprenant comme les girafes ou les rhinocéros, avant d’atteindre une zone plus désertique qui annonçait la Stygie toute proche, et assez vite des marais sombres abritant le lotus pourpre, dont on me narra le pouvoir de paralysie et de mort certaine. Nous arrivâmes enfin aux portes de Kheshatta dont on dit qu’elle est dominée par de puissants magiciens et où l’influence de Derketo me faisait encore froid dans le dos. La route devait être encore longue jusque Khemi à la forteresse de pierres noires, où j’espérais trouver une embarcation pour Zingara. L’approche de cette ville côtière renforça un sentiment extrêmement partagé et pas moins confus entre fascination et répulsion envers cette ancienne civilisation. Impossible de pénétrer la plus grande cité stygienne en tant qu’étranger, à moins d’être esclave, ce à quoi je ne tenais absolument pas. C’est donc dans un campement que j’attendis l’arrivée d’un navire marchand susceptible de m’emmener loin de ces contrées .Dans cette attente la seule distraction notable qui fut offerte à la population est la lapidation d’un homme sur la place publique, qui méritait son châtiment pour avoir heurté un hippopotame, animal sacré, avec son embarcation.

Les rares étrangers qui entrait dans Khemi étaient de riches commerçants et quelques ambassadeurs, qui devaient cependant la quitter avant la tombée de la nuit. Ceci éveilla ma curiosité. Un soir je vis passer les lourdes portes de la ville un chariot de bronze sur lequel trônait un probable dignitaire, tenant un sceptre surmonté d’un serpent enrôlé sur lui-même et qui se mordait la queue. Il m’a semblé qu’il tenait auprès de lui un immense grimoire aux ferrures finement travaillées. L’étrange attelage était suivi de jeunes hommes et jeunes femmes vêtus de légères robes blanches, portant de grands cierges noirs. Je gravis un promontoire pour suivre du regard leur cheminement. Je ne les apercevais que par intermittence d’autant que les ténèbres prenaient possession des lieux et que seules les immenses façades de ce qui devait être le temple de Set étaient éclairées. Je ne pu en voir plus mais j’ai la certitude d’avoir entendu à plusieurs reprises des cris de surprise et d’agonie. Je ne saurai sans doute jamais si cela à un rapport : on me raconta le lendemain que le soir venu, de monstrueux serpents installés dans le temple étaient lâchés dans les rues de Khemi. S’ils décidaient de dévorer un passant, cela était considéré comme une volonté du Père, aucun individu ne s’aviserait à porter secours à la malheureuse proie. Je ne pu m’empêcher de me remémorer les visages des jeunes gens aux bougies noires. »

Gemistos le nomade (érudit némédien)

 

Le culte est actif dans les pays suivants : Stygie, Kush, Royaumes Noirs, Koth, Shem

Couleurs : jaune sur noir

Symbole : serpent écailleux enroulé sur lui-même se mordant la queue