« Nous atteignîmes la côte noire au port de Zabhela, cité côtière kushite. […] le capitaine argosien me proposa de l’accompagner chez une sorte de prince Chaga, dont je compris qu’il s’agissait d’un descendant stygien. J’avais peu de détails sur les affaires qui le liaient à lui, mais je crois que cela touchait à quelques métaux précieux et à l'ivoire […]. C’est certainement un rare privilège que d’être l’invité d’un tel personnage. Sa demeure était en pleine effervescence. Traité tel un noble invité, j’ai été amené à assister à une cérémonie consacrée à quelques jeunes membres de la classe dirigeante à peine pubères, sous l’insistance prononcée de mon hôte. J’étais loin d’imaginer ce qui attendait mes yeux, bien que le sourire inquiétant du prince aurait dû m’alerter. L’assistance qui se pressait au temple portait les toilettes des grands jours, à la gloire de Derketo découvrais-je en pénétrant moi-même dans l’établissement. J’avais bien entendu parlé dans les régions pastorales de Shem de l’entité qui symbolise le cycle de la nature. On la décrivait bien comme une tentatrice qui cherchait à arracher Adonis des bras d’Ishtar. Cela ne m’avait pourtant rien évoqué de semblable à ce qui s’organisait dans la nuit qui commençait. Tout se partagea ce soir-là, chair et vin. Rassasiée par une nourriture abondante, la noblesse réunie observa la ronde accomplie par ses progénitures guidées par quelques esclaves de luxe et un maître de cérémonie très démonstratif dans une ambiance désagréablement moite. A son approche, j’ai du moi-même par respect pour celui qui m’accueillait chez lui, flatter les vertus de sa dernière fille. J’ai cru percevoir un éclair de terreur dans les yeux de celle-ci mais je l’ai sentie tout en même temps singulièrement disponible, abandonnée, ce qui contribua grandement à l’émotion que je ressentie en voulant porter secours à la fragilité même, si pleinement dévouée. Je voulus la garder auprès de moi et la protéger des sollicitations de mes voisins de tablée. Mais cela ne se put. Les effluves qui montaient à ma tête devinrent alors insupportables et je quittais prestement les lieux. Comment cela est-ce possible ? Je ne vis le lendemain dans ses yeux que l’indifférence à l’égard de l’étranger que j’étais redevenu, ou que je n’avais jamais cessé d’être. Le maître de maison me moqua en évoquant avec moult détails les rituels au combien plus bestiaux des Gallahs. Troublé par cette nuit qui me semblait irréelle, je pris rapidement congé.»

Gemistos le nomade (érudit némédien)

 

Le culte est actif dans les pays suivants : Stygie, Kush, Zembabwei, Shem, Iranistan

Couleurs : noir sur or

Symbole : buste de femme couronnée de profil